Définition de DRU, DRUE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : dru, drue

DÉFINITIONS

1
Bien venant, venant serré, en parlant de l'herbe, des blés, etc. Ces blés sont fort drus.
L'herbe était haute et drue
de Claude Favre de VAUGELAS dans Q. C. liv. III, dans RICHELET
Sémantique : Par extension. Une pluie drue et menue.
Dru, adv. D'une manière serrée. Il pleut dru. Semer dru. Les balles pleuvaient dru comme mouches.
Sémantique : Fig. Vivement, sans façon. Vous y allez dru.
Allant.... Plus dru qu'une navette au travers d'un métier
Haussant et baissant les mains dru et menu sur ses cuisses
De telles gens il est beaucoup Qui prendraient Vaugirard pour Rome, Et qui, caquetant au plus dru, Parlent de tout et n'ont rien VU
Caquet-bon-bec alors de jaser au plus dru, Sur ceci, sur cela, sur tout
de Jean de LA FONTAINE dans ib. XII, 11
Le noeud du mariage Damne aussi dru qu'aucuns autres états
de Jean de LA FONTAINE dans Belph.
Eh ! mais, mais.... mon oncle, un peu de patience ; comme vous allez dru sur les questions !
de PONT DE VESLE dans Somnamb. sc. 2
2
Sémantique : Par extension, se dit des personnes que l'on compare à une herbe drue, bien venant, vif et gaillard.
Je te promets à ce printemps Une petite camusette, Friponne, drue et joliette, Avec qui l'on t'enfermera ; Puis s'en démêle qui pourra
de Jean de LA FONTAINE dans Poésies mêlées, XXXII, pour Mignon, chien de Son Altesse royale
Malgré moi l'on m'a jointe avec vous, Vous vieux penard, moi fille jeune et drue
de Jean de LA FONTAINE dans Cal.
Lucrèce jeune et drue et bien taillée
de Jean de LA FONTAINE dans Mandr.
La fillette était drue, honnête toutefois
de Jean de LA FONTAINE dans Cas.
La petite femme est à cet hôtel de la Rochefoucauld, toute gaillarde et toute drue
Catherine de Navarre, dit-on, fut fille amoureuse et drue, qui eut un mari débile
Il se dit des petits oiseaux assez forts pour s'envoler du nid. Ces moineaux sont drus comme père et mère.
Sémantique : Par extension.
Bel enfant de quinze ans dru comme père et mère
de Paul SCARRON dans dans RICHELET

HISTORIQUE

1
XIe s.
Tout [il] l'abat mort au pré sur l'erbe drue
dans Ch. de Rol. CII
2
XIIe s.
Le premier jour de mai, où druz est li herbois [herbage]
dans Sax. XXXIII
3
XIIIe s.
Partonopex fu sainz et druz
dans Partonop. ms. f° 149, dans LACURNE
Entor les ruissiaus et les rives Des fontaines cleres et vives, Poignoit l'erbe freschete et drue
dans la Rose, 1401
4
XIVe s.
Et tout entre François [ils] commencent à geter De pierres et caillous qu'il voudrent aporter ; Aussi dru vont en l'air qu'on voit pluie voler
dans Guesclin. 19175
Car aussi dru que nege chet sur les arbrisseaux, Voloient viretons [dards] et flesches et carreaux
dans ib. 20178
5
XVe s.
Si eut par devant la cité maint assaut et maint hutin et drue escarmouche
Là eut fait plusieurs grands appertises d'armes, et ne s'y espargna le roi d'Angleterre neant, mais estoit toudis entre les plus drus
Un bois durement fort et dru d'espines et de ronces
Du païs les plus friches dames, Mout richement et bel arrées, Drut perlées et offrisiées [parées d'orfrois]
de Jean FROISSART dans Poésies mss, f° 155, dans LACURNE
6
XVIe s.
Nous sommes druz ; chagrin ne nous suit mye
de Clément MAROT dans II, 231
Composons luy (je vous prie) un libelle, Qui pique dru, et qui morde à loisir....
de Clément MAROT dans II, 387
Le soleil nous eslance si dru, sans cesse, nouveaux rayons les uns sur les autres, que....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 271
À mesure que ces espines domestiques sont drues et desliées, elles nous mordent plus aigu
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 71
La plus agée qui estoit mure et drue
Considerant l'horreur que faisoit à voir un front de bataille dont il sortoit tant de fers de picques et si drues....
de Jacques AMYOT dans P. AEM. 31
En après te faut espandre dru et menu la poudre
de Ambroise PARÉ dans XXV, 26

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. drut ; génois, druo, dense, épais ; piémontais, dru, fertile, en parlant du sol. On a fait venir ce mot de dur par métathèse ; mais ni le sens ni le t du provençal ou de l'ancien français ne permettent cette dérivation. Dru vient probablement du celtique : kimry, drud, hardi ; gaélique, drûth, volontaire ; Cornouailles, dru, beaucoup ; bas-bret. druz, gras. Quel que soit le sens primitif en celtique, le sens primitif en français, d'après les textes, est celui d'herbe drue ; c'est par extension que dru s'est appliqué aux personnes. Il y avait dans l'ancien français un autre mot dru, drue, qui signifiait un fidèle, un amant, une amante ; un substantif, druerie ; dru en ce sens est d'origine germanique.

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